Dans le sous-sol de l'Eglise évangélique de Villard (FREE), à Lausanne, quatre machines à coudre ronronnent doucement en arrière-salle, actionnées par autant de couturières concentrées. En demi-cercle, d’autres femmes s’affairent à couper, tricoter ou crocheter tout en papotant joyeusement. Sur une table trônent les dernières créations : sacs de couchage pour bébé, pulls colorés, chaussons et robes à motifs.
800 vêtements en trois ans
Ces œuvres confectionnées avec amour sont envoyées — ou l’ont été, en fonction des périodes et des projets — vers diverses organisations humanitaires ou sociales aux quatre coins de monde. Parmi elles: la Mission chrétienne pour les pays de l’Est, le centre Tahaddi à Beyrouth avec Catherine Mourtada ou encore la maternité de Lausanne, à destination des mamans défavorisées. À Noël, certains paquets ont été adressés à l’Action pour les chrétiens persécutés et les personnes dans la détresse (ACP). Des bonnets et des écharpes ont également été distribués à des adultes réfugiés à Orbe. Le bilan est impressionnant : entre 2022 et 2025, ce sont déjà près de 800 vêtements qui ont pris la route.
Confection, prière et collation
A Villard, chaque réunion suit un déroulement bien établi : la confection des vêtements est suivi par un temps de méditation et de prière, un moment essentiel pour ces femmes qui prient les unes pour les autres, pour leurs malades et pour l’Église. Enfin, la collation conclut ces instants de partage. Les ouvrages terminés sont étalés sur la table, admirés, puis chacune repart avec un nouveau projet à terminer chez elle.
«Beaucoup de ces femmes retraitées vivent seules, ont peu d’amis, ou sortent peu, et ici, pendant la prière, on se soutient. Le groupe c'est une activité sociale, un moment d’air frais », explique Simone Burkhardt, présidente du conseil d’Église et responsable de la troupe. C'est elle qui se charge de l'organisation du planning, attribuant à un binôme, pour chaque séance, la préparation de la médiation et de la collation.
Une activité pour tisser des liens
Ce groupe est un espace rare où les liens se renforcent différemment que lors du culte. « On attend que ça », confie l’une des participantes. «Cet atelier nous permet de connaître les gens autrement, de prier les unes pour les autres, de penser à ceux qui souffrent.»
Parmi elles, Yvonne Dind, 88 ans, ancienne missionnaire au Congo, ou encore Rolande Hugli, 92 ans, qui participe depuis les débuts du groupe dans les années 60. À l’époque, les rencontres avaient lieu à la rue de la Tour, et réunissaient déjà une dizaine de femmes. Aujourd’hui, Rolande est en charge de la découpe des tissus : « Si on ne coupe pas bien, le vêtement ne tombera jamais juste », dit-elle avec des yeux rieurs, alors qu'elle s’apprête à récupérer un élastique sur un vieux pantalon. Il n'y a pas d'âge pour faire du bien autour de soi!