L’image d’une fratrie jouant dans l’harmonie et joyeusement unie, vous en avez sûrement rêvé, lorsque vous avez songé à l’aventure de la parentalité. Et pourtant, la réalité est moins lisse et belle que ces images parfaites d’enfants souriants, collaborant pour construire une tour. Et c’est tout à fait normal !
Là où deux êtres humains sont rassemblés naissent les possibilités de discorde. La cause profonde en est le péché, bien sûr, à la suite de la chute.
Tant que nous serons dans ce monde, nous y serons confrontés, qu’importe où nous nous trouvons sur le chemin de la sanctification. Je pense que ce principe de réalité nous aide : il nous faut l’accepter, les conflits font partie intégrante de la vie et des relations. Ils peuvent soit constituer une formidable occasion d’approfondissement de la relation, soit une cause de scission et de blessures. Cela dépend de ce que nous en faisons.
Apprendre à bien se disputer
Apprendre à bien se disputer, voilà ce qui devrait être notre leitmotiv par rapport à nos enfants. Il s’agit de leur transmettre les compétences pour traverser, au mieux, les moments conflictuels. Par exemple, nous pouvons leur apprendre à s’orienter vers des solutions cherchées ensemble, plutôt que vers la vengeance et le vieil adage « œil pour œil, dent pour dent ».
Par nos paroles et notre attitude, nous les parents, nous pouvons soit accentuer les possibilités de conflits, soit les atténuer. Deux écueils sont à éviter : « Regarde comme ta sœur mange proprement ! » Comparer nos enfants les uns aux autres suscite de la jalousie, de la compétition et l’envie de se battre pour obtenir l’approbation du parent. « Toi, tu réagis toujours de façon si agressive ! » Étiqueter nos enfants – même de manière positive ! – les enferme, les réduit et les empêche de se montrer autrement. À la place, prenons chaque enfant comme il est : un être unique, aux multiples facettes, avec ses forces, ses faiblesses et sa marge d’évolution.
Intervenir lorsque cela dégénère
Les enfants en viennent-ils aux mains ou aux insultes ? Il est largement temps d’intervenir et de séparer physiquement les protagonistes pour permettre un retour au calme. D’ailleurs, nous en aurons peut-être besoin nous-même aussi.
Lorsque tout le monde s’est calmé, prenons le temps de la discussion : d’abord, reconnaissons l’objet du conflit et l’offense commise, puis laissons chacun exprimer son ressenti. Nous favoriserons l’écoute, l’empathie, ainsi que le mouvement du pardon les uns envers les autres. Puis donnons à celui qui a enfreint une limite la possibilité de réparer. Et comme déjà évoqué, prenons l’habitude d’orienter notre attention vers les solutions pour résoudre le différend. Interrogeons la créativité des enfants pour susciter des idées puis choisissons celles qui conviennent à tous.
C’est vrai : ce processus demande du temps et de l’énergie. Je le sais pour l’avoir mis en pratique avec mes enfants. Cependant, avec les années, les enfants deviennent capables de le mettre en pratique par eux-mêmes, sans que cela soit parfait, bien entendu. Mais quelles compétences inestimables pour toute leur vie !