L’Office fédéral de la statistique (OFS) a dévoilé ce 23 juin 2025 les résultats de la dernière enquête « Religiosité et spiritualité en Suisse » pour l’année 2024. Cette étude quinquennale, qui scrute l’évolution des croyances et pratiques religieuses, confirme une tendance générale au recul des grandes confessions historiques, mais met aussi en lumière un phénomène étonnant : les Églises évangéliques semblent défier la courbe du déclin.
Depuis plusieurs années, la Suisse connaît une diversification religieuse croissante et une montée du non-affiliation : désormais, près de 36 % des Suisses ne se réclament d’aucune appartenance religieuse. Le catholicisme romain représente 31 % de la population, et le protestantisme réformé 19 %. Les « autres communautés chrétiennes », catégorie qui regroupe pour la première fois dans cette enquête les Églises évangéliques, totalisent environ 6 % des fidèles.
Une reconnaissance institutionnelle saluée par les évangéliques
La mention explicite des Églises évangéliques dans cette enquête est perçue comme un tournant positif. « Le fait que les autorités prennent désormais au sérieux notre présence, qu’elles nous identifient clairement dans les enquêtes, c’est une étape importante. Cela montre que nous sommes enfin reconnus comme acteurs à part entière dans le paysage religieux suisse », souligne Christian Kuhn, directeur du Réseau évangélique suisse (RES).
Cette reconnaissance vient aussi contrebalancer un passé plus difficile. Pendant longtemps, nombre d’évangéliques hésitaient à se déclarer comme tels, par peur d’être assimilés à des mouvements sectaires. « On sort d’une période où l’étiquette “évangélique” pouvait susciter la méfiance. Aujourd’hui, les gens commencent à assumer davantage leur identité religieuse. C’est aussi le fruit d’un travail de fond que nous menons notamment au sein du Réseau évangélique suisse via la formation et la sensibilisation pour la défense de la liberté religieuse », ajoute-t-il.
Contrairement à l’idée d’un « déclin de la foi et des pratiques religieuses » annoncée par l’OFS, les évangéliques tirent leur épingle du jeu. En effet, près de la moitié de leurs membres se déclarent à la fois religieux et spirituels, contre un tiers chez les catholiques et moins d’un quart chez les protestants réformés.
La lecture d'ouvrages et d'articles spirituels a progressé
Cette vitalité se manifeste aussi dans les pratiques : la lecture régulière d’ouvrages et d’articles spirituels, qui a progressé de 13 % à 20 % au niveau national, atteint +21 % chez les évangéliques. Ils sont également les plus nombreux à participer à des offices religieux au moins une fois par semaine (30,3 %) et à prier régulièrement.
Pour Christian Kuhn, cette dynamique révèle surtout un phénomène plus profond : « Le christianisme traditionnel décline peut-être, mais la soif de spiritualité est bien là. Et c’est dans cet élan que les Églises évangéliques trouvent leur pertinence. »
Églises évangéliques sous « Autres communautés chrétiennes »
L’étude distingue parmi les « autres communautés chrétiennes » un ensemble d’Églises évangéliques variées : les Églises évangéliques libres (FREE), internationales, baptistes, anabaptistes, charismatiques, adventistes, pentecôtistes, ainsi que les Saints des derniers jours. S'y ajoutent les Églises orthodoxes orientales et autres Églises chrétiennes orientales, les Églises évangéliques luthériennes, d'autres Églises issues de la Réforme, ainsi que les Églises chrétiennes internationales, anglicanes, catholiques-chrétiennes et œcuméniques.